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MONSIEUR AUGUSTE

visage, et menaçant du propos. Il voulait toujours épouvanter, avec son idée fixe de surveillant fraternel.

— Quel est notre quatrième ? demanda le colonel en décachetant un jeu de cartes.

— C’est mademoiselle Agnès Darrigues, dit M. Lebreton ; elle va venir.

— Joue-t-elle bien ?

— Comme un homme.

Mlle Agnès entra d’un pas leste, une cravache à la main ; elle descendait de cheval. C’était une ravissante amazone, à voix de contralto, qui n’était nullement déplacée à une table de whist.

On tira les places. Octave faisait ce qu’il voyait faire, et sans savoir ce qu’il faisait.

— Je suis avec vous, dit le colonel à Octave… Eh bien ! placez-vous donc vis-à-vis.

— Agnès, je suis avec toi, dit M. Lebreton, et ne sois pas distraite… c’est à toi à faire… Quelles cartes prends-tu, les roses ou les blanches ?

— Je prends toujours les roses, répondit Agnès.

— Avez-vous été bien loin, avec Mme de Gérenty, dans votre promenade à cheval ?

— Jusqu’à Saint-Germain. Zerbina s’est emportée. Je vous conseille de vendre cette bête ; elle a peur