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MONSIEUR AUGUSTE

— Oui, monsieur Lebreton… Auguste n’a rien de caché pour moi.

— Il s’agit d’un délai… de deux jours… demandé.

— Oui, oui, c’est cela ! interrompit Octave… Eh bien ! mon ami sera, dit-il, exact à l’échéance…

— Chut ! dit M. Lebreton… ceci est un secret peu connu.

— Oui, monsieur, reprit Octave, très-peu connu… Quant à moi, j’ai été ravi de ce passage de sa lettre… Enfin, ai-je dit, il est amoureux ! Un jeune homme de vingt-huit ans qui a toujours craint de parler à une femme… Des mœurs irréprochables… trop irréprochables… La science a été son unique maîtresse… que de nuits il a passées avec l’histoire romaine ! Enfin, le voilà amoureux comme tout le monde ! il sort de l’exception.

— Cela me rappelle, dit M. Lebreton, deux vers de Boileau, écrits sous une statue de l’Amour : Qui que vous soyez, voici ton maître ; il l’est, le fut ou le sera… Je change peut-être quelque chose…

— Presque rien ; c’est le sens qu’il faut regarder.

— Oui, l’Amour est notre maître à tous.

— Et il est si timide, si timide, ce cher Auguste, qu’il a failli garder son secret… Heureusement, Mme de Gérenty lui a fait des avances…