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MONSIEUR AUGUSTE

— Où diable étiez-vous donc ? criait-il, en agitant ses bras ; je vous cherche depuis trois heures. Votre père m’a dit que vous aviez reçu une lettre de Paris, et que vous étiez sorti pour venir chez moi… notez qu’il y a trois heures ; M. Desbaniers vous le dira. J’ai cru que vous aviez piqué une tête dans la rivière, et que… bon soir pour l’éternité. Je vous croyais-au fond de l’eau… c’est une lettre d’Auguste, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur.

— Eh bien ! que vous est-il arrivé de fâcheux depuis trois heures ?

— Je cherchais un modèle pour mon berger d’Arcadie… un tableau que je destine à l’exposition de 1859.

— Mais il n’y a pas de bergers d’Arcadie dans mon parc.

— Oh ! M. Lebreton, les bergers de Chatou ressemblent à tous les bergers du monde… Là, sur le bord de l’eau, dans votre kiosque, au fond du parc, on voit passer sur la berge une procession continuelle de brebis et de chèvres, qui ravagent gratuitement les herbes communales…

— C’est vrai ! j’en parlerai au maire… Notre ancien maire, M. Bremond, était l’épouvantail des bergers en maraude.