Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
MONSIEUR AUGUSTE

trait dans l’air où la jeune fille avait mêlé son haleine, et il aspirait avec délices ces émanations subtiles qui gardaient quelque chose des lèvres de Louise, et il s’enivrait de cet air comme d’une rosée venue du ciel.

Il prit le livre et s’enfonça dans le parc, comme un voleur qui aurait dérobé un trésor. Ce livre venait d’être feuilleté par des mains divines. Il fallait couvrir de baisers toutes ses pages, pour ne pas manquer les pages heureuses, touchées par ses doigts ou favorisées de ses regards. Ce livre révélait par son titre le bon goût de la jeune fille. Les Feuilles d’automne ! Il sortait de la bibliothèque particulière de Louise et portait le chiffre L. L. sur la couverture. Il fallait donc le rendre, et retarder autant que possible la restitution. La première page avait cette blancheur virginale qui semble provoquer une confidence poétique de la plume ou du crayon. Octave céda bientôt à l’envie d’écrire quelques vers sur la feuille muette. Il chercha longtemps un sujet, car il lui répugnait d’écrire une banalité amoureuse, ou une déclaration imprudente, ou une confidence personnelle.

À force de chercher, il adopta cette idée et ces vers :