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MONSIEUR AUGUSTE

d’un ami et du seul être qui t’aime sincèrement.

» Si tu descends toujours ainsi l’échelle de tes absurdes passions, tu finiras par tomber dans un bourbier si profond, que ma main et mes conseils ne pourront plus te délivrer de ce cercueil infect.

» Voilà ton avenir. Souviens-toi de ton passé récent. Tu allais à la gloire avec ton prix de Rome ; un sujet magnifique : Pylade consolant Oreste. On disait de toi : c’est un second Girodet. Aujourd’hui, tu barbouilles clandestinement de petites poupées indécentes, des enseignes de lupanar.

» Il m’est impossible d’être plus longtemps le témoin de ta décadence ; moi qui ai rêvé pour toi le Capitole, quand j’étais à Rome avec toi ; je prends la fuite pour ne pas voir ta chute dans l’égoût des Tarquins.

» La seconde partie, pour M. Lebreton.

» Il faut de toute nécessité que j’aille, à Paris pour consulter la carte théodosienne. Il n’y a pas de meilleur guide en archéologie historique. Mon travail est interrompu par une recherche sur le cours de l’Aufide. Il n’y a pas de temps à perdre. Je dois livrer mon travail lundi prochain au secrétariat de l’Institut.

» Ton ami dévoué,
» Auguste Verpilliot. »