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MONSIEUR AUGUSTE

l’escalier, et Auguste se précipita sur Octave, en disant à son oreille le mot des tragédies : On vient !

Ce fut la goutte d’eau qui éteignit le volcan. Le lion se laissa conduire par la main d’un petit jeune homme, et la porte fut refermée avec précaution.

Rose montait aux appartements. Octave fit un effort énergique pour donner du calme à sa figure et à sa voix, et, en se croisant sur l’escalier, avec la femme de chambre, il lui dit sur le ton de la familiarité :

— Nous allons jouer au billard, voulez-vous venir compter les points ?

— Non, monsieur, répondit Rose, en riant ; je suis trop en retard ; la chambre de mademoiselle n’est pas faite.

— Alors, je vais vous aider, reprit Octave, en remontant une marche.

Rose lui barra le chemin.

— Regarde-la, Auguste, poursuivit Octave, elle est jolie, Mlle Rose ! on la prendrait pour la duchesse de la maison, ou la sœur de sa jeune maîtresse.

Auguste avait disparu.

— Mais il a donc peur des femmes, votre ami ? demanda Rose, à voix basse.

— C’est un poltron, reprit Octave ; en s’échappant trop vite, il m’a décousu un bouton de mon paletot…