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MONSIEUR AUGUSTE

— Oui, madame, c’est la délicatesse en personne. Qualité si rare de nos jours… Madame, je n’oublierai jamais le service que vous avez rendu à ma famille, en cette occasion…

— Mais, M. Lebreton, mon action est une chose fort naturelle. Mon expérience de femme m’a fait découvrir, en déjeunant, que M. Auguste était éperdûment amoureux de Louise, et que sa timidité le poussait à une résolution de désespoir. J’ai demandé deux jours à cet heureux désespéré, et je l’ai charitablement trahi pour vous confier son salut.

On venait d’arriver à l’embarcadère, où les deux canots étaient amarrés à leurs anneaux. Là, M. Auguste Verpilliot se dégagea du bras de Louise, lui donna un salut imperceptible, et se rapprochant de M. Lebreton, il dit :

— Mon heure de récréation est terminée. Je ne suis pas un oisif, moi ; le travail me réclame. Le terme du concours approche ; il faut que j’envoie mon manuscrit à l’Institut, dans huit jours au plus tard.

— Mon jeune ami, dit M. Lebreton, Dieu me garde de vous faire la moindre objection ! je respecte trop ce noble amour que vous ayez pour le travail.

Et, se tournant vers Mme de Gérenty, il ajouta :