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MONSIEUR AUGUSTE

— Madame de Gérenty sortira de ma maison, ou j’entrerai, moi, dans un couvent. Voilà ce que je vais dire à mon père.

— Oui, ma chérie, je comprends ta colère ; mais tu vas te trahir ; c’est comme si tu disais à ton père : « Je suis jalouse de cette femme. »

— Tant pis ! je me trahirai… oh ! une femme mariée ! elle se laisse faire la cour par un jeune homme ! c’est indigne ! et lui ! lui !… il ne m’a pas regardée une seule fois !… il aime cette femme !… il lui a donné une fleur pour ses cheveux !… Rose a tout vu, et m’a tout dit… mon Dieu ! que je souffre !

— Ma chère ange, dit la jeune amie avec affection, ne pleure pas ainsi… on va venir… tiens ! regarde… on prend le café sur la terrasse… Mme de Gérenty a pris le bras de ton père… ils ont l’air de se faire des confidences… ton père écoute en riant laisse-moi essuyer ces deux perles qui te restent sur la joue… Aussi, quelle idée d’aimer ce petit blondin !… on m’a demandée trois fois en mariage, moi. Il faut voir comme j’ai reçu mes amoureux !… ton père te cherche… prends ton visage de tous les jours… essaye de sourire… bien !… comme tu es belle quand tu ne pleures pas !

En effet, M. Lebreton cherchait sa fille :