Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
MONSIEUR AUGUSTE

— J’ai peu travaillé ; j’ai été arrêté par une obscurité géographique. Il faut que j’aille à Paris, pour faire des recherches à la bibliothèque. Il y a deux fleuves en Campanie, l’Aufide et le Vulturne, et ce dernier est passé sous silence par quelques historiens.

— C’est grave, dit M. Lebreton pour dire quelque chose.

— Très-grave !

— Et voilà les nobles soucis des jeunes gens d’aujourd’hui, reprit M. Lebreton avec enthousiasme ; ah ! vous valez mieux que vos pères. Je ne suis pas de ceux qui vantent le passé, moi : à votre âge, je me serais fort peu soucié, moi, de savoir si l’Aufturne ou le Volfide sont en Champagne ou en Bourgogne ; je n’avais en tête que de folles équipées. Il est vrai que tout cela, un jour, a fini par un bon mariage… comme vous finirez, vous ; car, voyez-vous, mon cher enfant, le bonheur est là, dans une union assortie et avec un peu de richesse… la richesse ne gâte rien… Ah ! voici ma belle voisine, Mme de Gérenty… Allons la recevoir… Elle marche comme une reine… Allons, monsieur Auguste, accompagnez-moi.

Mme de Gérenty est une femme qui, en 1858, se donnait vingt-cinq ans et qui ne mentait pas, car