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MONSIEUR AUGUSTE

donne toujours un dénoûment salutaire aux souffrances de l’esprit.

Il reprit le petit sentier du village, mais toujours sans prêter la moindre attention à la série des charmants tableaux qui se déroulaient à droite et à gauche. On voyait, à travers les grilles, des jeunes gens et des jeunes femmes, dans les rayons de leur lune de miel, échangeant entre eux des regards encore remplis des souvenirs de la nuit : on voyait de jeunes mères, assises à l’ombre, et heureuses de leurs enfants, qui jouaient sur le gazon. Par intervalles, une gamme d’or, unie à un accord de piano, sortait de la persienne, comme pour donner le la aux rossignols, et les arbres retentissaient de chants d’oiseaux. Sourd et aveugle pour toutes ces joies, Auguste marchait avec sa résolution.

La cloche du parc sonnait le déjeuner chez M. Lebreton, et le maître, debout sur le perron, comme un land-lord d’hôtellerie anglaise, attendait ses convives en retard.

— Toujours exact ! s’écria M. Lebreton en apercevant Auguste ; dix heures sonnent au chemin de fer.

— Réglé à la minute, dit Auguste en tirant sa montre.

— Voilà ce que j’aime, l’exactitude, reprit M. Lebreton ; eh bien ! comment avez-vous passé la nuit ?