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MONSIEUR AUGUSTE

qui ne se marient jamais… Le colonel disait l’autre jour que le plus savant de tous, un nommé Platon n’avait jamais parlé à une femme… M. Auguste est peut-être un fils… que dis-je, un fils !… un neveu de ce Platon… La passion de M. Auguste était de poursuivre Annibal dans la Champagne ; il ne sortait pas de là !

— Enfin, tout est fini i comme vous le dites, mon père, répondit Louise avec un soupir de résignation.

M. Lebreton regarda la pendule, se leva, et embrassa tendrement sa fille.

— Ma chère Louise, dit-il avec la plus rive émotion, oublie le passe ; songe à ton père, et commence ta vie aujourd’hui… Essuie tes larmes, ma fille… Ne pleure plus… Montre-toi à ton mari avec un visage riant… Ma sœur t’attend dans ta chambre ; c’est ta seconde mère. Écoute bien ce qu’elle te dira… et demain matin, ta première visite sera pour moi.

— Mon père, dit Louise en essuyant sa dernière larme, je ferai tout ce qu’il est au pouvoir d’une femme de faire, pour répondre à votre tendresse ; mais je ne veux pas que ma dernière parole soit un mensonge… Je ne l’aime pas ! je ne l’aime pas !

Et elle sortit avec précipitation, comme une jeune