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MONSIEUR AUGUSTE

jourd’hui, c’est moi qui les ai préparées… L’autre était le mari de mon choix… Tu avais obéi à ma volonté… Louise, veux-tu me donner une preuve de ton amour pour moi ?

— Oui, mon père.

— Eh bien ! efface ce souvenir, ma fille, parce que si tu le gardes, ce serait pour toi un malheur qui te viendrait de ton père.

— Dieu me donnera la force d’oublier, dit Louise, et le temps effacera le souvenir. Voilà tout ce que je puis promettre. Si vous exigez davantage, vous me ferez désirer la mort comme un bonheur, car il m’est impossible d’obéir tout de suite à mon père.

— Et pourtant, reprit le père, en bien réfléchissant, ma fille, tu arriverais vite à la guérison… L’autre était sans doute un jeune homme très-agréable, comme instruction, esprit, figure, tenue, etc… j’en raffolais, moi, c’est tout dire… Mais il faut convenir que sa conduite a été indigne ce jour-là… le jour du bandit… M. Auguste ce jour-là, n’était ni un homme, ni une femme… et puis… quel est cet ami abominable, qui est venu l’insulter et le flétrir impunément ?… A-t-il été assez lâche et ignoble dans sa fuite ?… Mais, ma Louise, songes-y bien, un mari est un protecteur ; avant tout, il doit être un homme ; on court beaucoup de