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MONSIEUR AUGUSTE

ma chère enfant… montre-moi ton visage… je veux voir un sourire dans tes yeux…

— Mon père, dit Louise en se levant, le sourire viendra… mais je ne veux pas tromper mon père, même en ce moment, par une joie menteuse… J’ai la tristesse de la jeune fille qui change de condition… Que diriez-vous de moi, que penseriez-vous de moi, si je quittais mon père sans donner une larme à notre cruelle séparation.

— Oui, oui, ma fille… je comprends… cette douleur est naturelle… elle rend justice à ton cœur et au mien… mais… écoute-moi, Louise, et parle-moi avec franchise… Voilà ton seul motif de tristesse… le seul… n’est-ce pas ?… Réponds.

— Mais s’il y avait un autre motif, mon père, dit Louise avec mélancolie, où serait maintenant le remède ?… Tout est fini.

— Tu m’effrayes, Louise, dit le père en plaçant sa fille sur ses genoux, tu portes à mon cœur un coup bien cruel, si j’ai su deviner ta pensée. Y aurait-il encore dans ce front un souvenir de…

Louise embrassa son père et voila son visage.

Le malheureux père poussa un cri déchirant, et ne rendit pas à sa fille la caresse reçue.

— Ah ! dit-il après un court silence, je dois n’en accuser que moi… Ces larmes que tu répands au-