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MONSIEUR AUGUSTE

jours, et le voile se repliait avec lenteur, et finit par descendre jusqu’au tapis où d’adorables pieds nus se cachaient à peine dans des sandales d’odalisque. Jamais l’éblouissant poëme de la forme n’avait éclaté sous un plus lumineux aspect. Ce divin ensemble était suave à l’œil, et attirait les lèvres et la main.

Louise, toute agitée de frissons, regardait, toujours avec une curiosité irrésistible, et le mystère qu’elle sondait en ce moment lui causait un effroi mortel. Elle se voyait, dans ce tableau, dans une attitude imitée de l’antique, et avec une ressemblance qui ne s’arrêtait pas aux traits du visage, et qui attestait l’étude patiente du sculpteur, et la complaisance résignée du modèle.

Mais là ne se bornait pas le mystère. La chambre de Louise était aussi un portrait d’après nature ; rien ne manquait à ce gynécée virginal ; pas un détail n’était oublié dans l’ameublement, pas une fleur, pas une broderie, pas une tenture ; c’était un minutieux intérieur de la vieille école flamande, éclairé par deux lampes astrales, dont les doux rayons flottaient partout comme les vapeurs d’un beau crépuscule d’été.

M. Lebreton touchait à la fin de son histoire, et deux blanches et petites mains renouèrent en tremblant l’agrafe de soie au sommet du tableau.