Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
MONSIEUR AUGUSTE

oublier personne, il se rendit, accompagné de Louise, chez le père d’Octave, son voisin le plus proche. C’était un de ces bons pères calmes, riches, oisifs, causeurs, qui savent tout ce qui se passe excepté ce qu’on fait chez eux. À l’heure de cette visite, Octave faisait une promenade à cheval du côté de Saint-Germain avec le colonel. M. Desbaniers, après avoir fait son devoir de propriétaire, et montré au voisin millionnaire les merveilles végétales de sa serre et de son jardin, lui dit :

— Ah ! je veux vous faire voir une chose curieuse, et que vous n’avez pas chez vous… l’atelier de mon fils ! Ce diable d’enfant m’a fait là une dépense de dix mille écus !

Le domestique d’Octave hésita quelque temps pour donner la clef de l’atelier, mais il se rendit aux ordres de l’autorité supérieure, et ouvrit la porte du sanctuaire…

Louise quitta le bras de M. Lebreton, et examina en détail les curiosités amassées par le jeune peintre, pendant que les deux pères causaient ensemble, devant les panoplies, de la hausse considérable dont jouissaient les terrains de Chatou, depuis 1853.

Toujours furetant au hasard, Louise remarqua sur un cippe de marbre un tableau voilé, comme un tableau de madone sur un autel le vendredi saint,