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MONSIEUR AUGUSTE

riant aux éclats. Mais voici M. Lebreton… Chut !… il paraît très-ému…

— Il vient de lire un journal… Quand il a lu son journal, il a toujours des larmes dans les yeux, parce qu’il y a toujours un malheur dans un journal, au moins un… Votre oncle n’est pas un aigle, mais il a un excellent cœur.

M. Lebreton aborda ainsi sa nièce :

— Tiens, ma chère Agnès… lis ces quatre lignes.

Et il se détourna pour cacher des larmes.

Agnès prit le journal et lut ce qui suit :

« Un duel a eu lieu hier, dans le bois du Vésinet. Les particularités de cette rencontre sont étranges et dignes d’être mentionnées. Un misérable repris de justice, pour délit contre les mœurs, est venu insulter une honorable famille, dans sa maison, à Chatou, M. O… D…, jeune peintre d’histoire, d’un grand talent, et dont le père jouit d’une immense fortune, a saisi le misérable agresseur, l’a chassé de la maison, et lui a fait l’honneur de se battre avec lui. Deux hussards de la garnison voisine ont été si enchantés de l’héroïque courage du jeune homme, qu’ils ont porté partout le bulletin de ce duel fabuleux, qui s’est terminé, disaient-ils, de la manière la plus triomphante pour le peintre. On nous promet d’autres détails. »