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MONSIEUR AUGUSTE

vous, qui vous sont dévouées par reconnaissance, qui savent de quelle, noble passion vous êtes animé ; et qui, par de bons offices, peuvent vous aplanir tous les obstacles. On vous sert à votre insu, croyez-le bien. Mais n’affligez pas ceux qui vous servent et vous serviront.

— C’est ce que je lui ai dit vingt fois, dit Rose.

— Eh bien ! je dirai à ces excellents cœurs, répondit Octave, à ces amitiés dévouées, que mes bras, mon sang, ma vie, ma reconnaissance sont à elles ; mais que rien ne peut changer ma malheureuse nature, et qu’il m’est impossible de subir plus longtemps, sur cette terre, les tortures de l’enfer.

— Voulez-vous parler des tortures de la jalousie ?

— D’une jalousie absurde, interrompit Octave, d’une jalousie inventée pour moi ou par moi, d’une jalousie qui n’a pas de nom, tout ce que vous voudrez, cela m’est égal ; c’est une chose qui m’étouffe, me glace les lèvres, me brûle le front, me met du fiel sur la langue, m’incendie la racine des cheveux… Tant que ce médecin sera dans cette chambre, je souffrirai ces tortures. Je suis décidé à ne plus souffrir. Je veux tuer ou être tué.

— Mais vraiment, dit Agnès, votre raison est altérée… Ce médecin fait son devoir.

— Oh ! je connais les jeunes médecins !… Voyez,