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MONSIEUR AUGUSTE

d’autorité ; celui qui ne craint pas les hommes craint les femmes : M. Octave qui n’a peur de personne aura peur de vous ; il faut que vous lui parliez ferme, et je vais vous le conduire ici. Attendez-moi un instant.

Agnès profita de ce repos pour se recueillir, et se demander si cette réalité fiévreuse n’était pas un rêve sans sommeil.

Octave arriva bientôt comme un fantôme des nuits ; la flamme de ses yeux éclairait sa chevelure en désordre et la pâleur de son visage ; il redevint homme en saluant Agnès avec respect, puis le démon reprit ses droits.

— Vous savez tout, mademoiselle, dit-il d’une voix sourde.

— Je ne sais rien, répondit Agnès.

— Mademoiselle ignore tout, ajouta Rose ; elle sait seulement que vous voulez tuer ce pauvre docteur, rien que cela.

— Oui, dit Octave d’un ton ferme; il me tuera ou je le tuerai. L’un de nous deux est de trop. Je lui ferai un affront sanglant, ce soir encore, ou demain. Je ne vis plus.

— Allons, M. Octave, dit Agnès avec une de ces voix qui adoucissent les bêtes fauves, soyez raisonnable. Vous avez ici des amitiés qui s’intéressent à