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MONSIEUR AUGUSTE

mettre une chaîne au cou, comme à notre chien de garde, je l’aurais renfermé dans la basse-cour… M. Octave veut tuer le docteur.

— Oh : ce n’est que cela ? dit Agnès rassurée ; ce n’est rien : Octave ne tuera personne. C’est moi qui ai mis une chaîne au cou du docteur, et nous ne le craignons plus.

— Mais vous ne comprenez pas alors la folie d’Octave, mademoiselle ?

— Oui, je la comprends. Il redoute encore un mari dans le docteur…

— Vous n’y êtes pas, mademoiselle.

— Eh bien ! expliquez-vous mieux, Rose.

— Ah ! pour le coup, je n’ai pas la langue de M. Octave, moi ; vous croiriez que je vous parle chinois. Il n’y a que lui qui puisse vous expliquer tout cela… Ce que je puis vous dire de plus clair, le voici. M. Octave sait tout ce qui se passe ; il rôde nuit et jour aux environs ; je crois qu’il a des ailes comme un oiseau ou un démon. Vous ne sauriez croire tout ce qu’il devine, en suivant le mouvement de la lumière et des ombres sur les rideaux de la chambre de Mlle Louise ! Il n’en saurait pas davantage s’il était avec nous…

— Mais enfin, interrompit Agnès, que veut-il ?