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MONSIEUR AUGUSTE

monde, reprit Agnès ; elle nous guérit tous, mais elle va bientôt nous affliger d’une absence.

— Je ne comprends pas bien, mademoiselle.

— Vous avez la surdité de la modestie, docteur.

— Du moins je n’ose comprendre.

— Ah ! je vous croyais plus courageux.

— Vous me donnez de la hardiesse, et alors j’essayerai de dire que la convalescence de Mlle Louise et… mes… loisirs me retiendront encore quelques jours dans cette résidence délicieuse, cet Éden de la grande banlieue de Paris.

Un rayon d’étoile perça une éclaircie des arbres et illumina la figure d’Agnès. La joie aurait pu remplacer ce rayon, tant elle parut éclatante et naturelle au regard du docteur.

Le moment conseillait les hardiesses, la volupté courait dans l’air de la nuit ; un parfum de fleurs enivrait les sens ; les harmonies qui descendent des étoiles chantaient l’hymne suave des hyménées illégitimes ; l’ivresse qui vient de la femme bouleversait la raison.

Et l’amour-propre, le plus inexorable des amours, achevait la défaite du docteur.

Agnès marchait lentement, la tête basse comme une victime résignée, qui n’a plus d’autre ressource que la générosité de l’homme. Mais l’homme, placé