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MONSIEUR AUGUSTE

Cet excellent père est enchanté de causer avec sa chère Louise, et Mlle Rose fait sa partie dans le trio de l’alcôve, avec une joie folle qui lui donne de l’esprit.

— Rose a bien raison d’être joyeuse, dit Agnès ; cette pauvre fille est morte de fatigue. Les malades ont le tort de tuer ceux qui se portent bien.

— Et vous aussi, mademoiselle, reprit le docteur, vous vous êtes dévouée à votre cousine avec un zèle qui vous honore.

— Oh ! docteur, j’ai fait ce que toute autre femme aurait fait à ma place. Les femmes naissent sœurs de charité ou gardes-malades. Elles se dévouent dans les hôpitaux et aux armées, au lit des blessés et des malades ; elles meurent sur le champ de bataille de l’épidémie sans se plaindre ; on n’a pas besoin de leur adresser des proclamations excitantes ou de leur jouer des fanfares belliqueuses pour animer leur courage. Leurs modestes exploits s’accomplissent dans l’ombre, et un sourire du ciel leur tient lieu de médailles d’honneur, de grades et de décorations. Messieurs les hommes, voilà ce qui fait notre infériorité.

— Elle est adorable ! dit le docteur en joignant ses mains et comme en a parte.

— Cette guérison est un bienfait pour tout le