Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.
232
MONSIEUR AUGUSTE

Le docteur disparut comme l’éclair, pour se rajeunir de dix ans.

— Eh bien ! mademoiselle ? demanda Rose à voix basse et avec un signe intelligent.

— L’hameçon est jeté ; il mordra, dit Agnès.

Et elle entra dans la salle où M. Lebreton venait de s’asseoir.

— Ah ! dit M. Lebreton revenu à la gaieté ; il faut avouer que ce cher docteur a fait un miracle.

— Le bon Dieu l’a un peu aidé, remarqua la belle Agnès.

— Oui… oui… sans doute… la Providence… mais enfin cela n’ôte rien au talent et à la science du docteur.

— Les médecins, reprit Agnès, ont toujours un grand intérêt à exagérer le danger d’un malade. C’est assez naturel. Si le malade meurt, ils disent : — Ah ! je vous l’avais bien annoncé ; le mal était sans remède. Si le malade revient à la santé, ils ont la gloire d’avoir guéri un incurable. La tactique est bonne et trompe toujours.

— Mais, ma chère Agnès, reprit M. Lebreton, quelle rage as-tu d’attaquer tous les hommes que je reçois avec amitié ?

— C’est que, mon oncle, vous jetez par la fenêtre votre amitié comme votre argent ; il y en a pour