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MONSIEUR AUGUSTE

long soupir, je vois que vous avez étudié l’homme, et que vous ne connaissez pas la femme.

— Mademoiselle, je m’incline devant ce jugement et je n’en appelle pas.

— La femme, reprit Agnès avec feu, ne vit que par le cœur, et le cœur n’a besoin ni de jeunesse, il est toujours jeune ; ni de beauté, il est invisible ; ni de fortune, il est assez riche. Le cœur est tourmenté par de plus hautes exigences, et lorsque ce noble indigent ne trouve pas ce qu’il cherche, il ne pourrait l’obtenir ni de l’or de Plutus, ni de la jeunesse d’Hébé, ni de la beauté d’Apollon. Vous aimez la mythologie, en voilà.

— Cela veut dire, mademoiselle, pour parler clairement, que vous n’êtes pas heureuse.

Agnès croisa les bras et regarda le ciel,

— Nous sommes quelquefois, par occasion, dit le docteur, les médecins des maladies de l’âme ; mais il faut que le malade spirituel ait confiance en nous.

— Mais il faudrait auparavant que les maladies de l’âme fussent classées et portassent un nom, comme la migraine, la névralgie, la fièvre typhoïde. Avez-vous un dictionnaire médical des maladies spirituelles ?

— Oui.