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MONSIEUR AUGUSTE

M. Auguste Verpilliot dit que cet arbre est un tremble…

— Tu lui parles donc ?

— Au tremble ?

— Folle !… à monsieur…

— À M. Auguste Verpilliot… moi, lui parler !… On dit que c’est un auteur… je n’aime pas les auteurs ; ils n’aiment que leurs livres… et puis celui-là est fier comme un peuplier ; il n’a jamais daigné lire ma figure… Mademoiselle se trouve-t-elle mieux ?

— Oui… l’air de là rivière me fait du bien… Ah ! vous le trouvez fier !

— Et il est blond, je déteste les blonds.

— Allons, vous êtes injuste, Rose… Ne lui trouvez-vous pas un air distingué ?

— Pour nous, tous les messieurs ont l’air distingué,

— Oui ; mais celui-là est plus distingué que les autres.

— Il a l’air doux, c’est vrai, mademoiselle ; il a un grand soin de sa petite personne, il s’habille très-bien ; il a du linge superbe, et des manchettes de dentelle. Il est frais et rose comme un neveu de chanoine ; ses traits ne font pas une faute ; il a une voix de chanteuse de vaudeville… Si je me mariais avec un homme comme celui-là, il me semblerait que j’épouse ma cousine.