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MONSIEUR AUGUSTE

meurt pas. J’allais prendre mes vacances du côté du Rhin, soit à Bade, soit à Ems. Beaucoup de mes confrères font déjà l’école buissonnière en Allemagne. Vous voyez que je ne vous fais aucun sacrifice. Et d’ailleurs notre malade n’est pas une malade ordinaire. Comme on se porte toujours très bien chez vous, M. Lebreton, je n’avais pas vu Mlle Louise depuis deux ans. C’est un miracle de beauté. La Faculté en masse devrait s’associer pour rendre la raison et la vie à cette admirable enfant. On n’a pas toujours entre les mains un pareil chef-d’œuvre à soigner. Le jour de sa guérison sera le plus beau de ma vie.

— Ainsi vous espérez, docteur ? demanda le père d’une voix tremblante.

— J’espère en Dieu, j’espère en sa jeunesse, j’espère en mes soins, dit le docteur avec un ton ferme et convaincu.

— Eh bien ! cher docteur, si vous guérissez ma fille, la moitié de ma fortune est à vous ; vos soins ne seront pas payés.

Le docteur tressaillit et fit le mouvement d’Hippocrate refusant les présents d’Artaxercès.

— Mon offre est sérieuse, ajouta le bon père ; celui qui dit je donne toute ma fortune ne donnera jamais rien. Un spoliateur n’aurait pas le courage