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MONSIEUR AUGUSTE

sérénité de visage qui rassurent la famille et semblent annoncer la guérison. Sa visite est le meilleur de ses remèdes ; l’air de santé qui flotte autour de lui dissipe les miasmes de l’alcôve et fait croire au privilège d’une contagion salutaire. Le malade accablé par les langueurs de la nuit, le regarde entrer avec un sourire comme s’il était l’ange de la guérison. Aussi peut-on dire de lui que ce n’est pas souvent la médecine qui guérit, c’est le médecin.

Il était donc devenu le commensal de M. Lebreton, et prenait ses repas en tête à tête avec lui, car Mlle Agnès ne quittait pas l’appartement de sa cousine. Le quatrième jour, le malheureux père, entraîné par la conversation, dit au docteur :

— Au moment où je croyais marier ma fille, j’ai fait le bilan de ma fortune, et comme je suis de ceux qui se sont enrichis honorablement, je n’ai à dissimuler aucun chiffre… Je possède huit millions et même quelque chose en sus…

— Peste ! dit le docteur, l’industrie vaut mieux que la médecine.

— Eh bien ! monsieur le docteur, je vous ai enlevé violemment à votre grande clientèle…

— Non, interrompit le docteur, vous ne me portez aucun préjudice… Nous sommes dans la morte saison… Nous appelions ainsi la saison où on ne