Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
MONSIEUR AUGUSTE

feuille, j’ai, depuis cinq jours, mon viatique en poche ; prenez ceci, et ne doutez plus.

— Mais ce n’est pas de vous que je doute, dit Simaï, en repoussant le portefeuille ; c’est de moi, ma conversion est impossible.

— Eh bien ! il m’est impossible alors d’accepter de vous la moindre assistance. Laissez-moi.

Simaï inclina la tête, et s’interrogea longtemps ; puis se relevant avec énergie, il dit :

— Je connais dans les vallons déserts de Calabre ou de Sicile de petites chaumières isolées, où l’homme résolu à tout peut vivre comme un ermite, loin de toute fréquentation… j’irai vivre là. Je vous le jure. Si le repentir est un second baptême devant Dieu, je me repens ; si l’expiation nous renouvelle, je suis prêt à l’expiation… Maintenant me sera-t-il permis de vous sauver du désespoir ?

Octave garda le silence, et se soumit à lui-même un nouveau cas de conscience, avec lequel le rigide casuiste ne crut pas devoir transiger.

— Et moi aussi, dit-il, j’ai juré de laisser s’accomplir ce mariage, sans le troubler. Rien ne peut me délier de ce serment ; un serment écrit et signé. Ainsi de toute manière, votre offre est inacceptable ; mais je vous en suis toujours reconnaissant… Per-