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MONSIEUR AUGUSTE

donner plus de force à mon serment… Je vous jure, non pas sur mon honneur, mais sur le vôtre, qu’Auguste n’épousera pas cette femme.

— Et qui fera obstacle !

— Moi… Cela vous étonne… je suis un misérable, c’est vrai, mais ma détestable individualité pourra être bonne à quelque chose. On ne guérit pas les maladies incurables avec des parfums ; on les guérit avec des poisons. Je vous guérirai.

Octave réfléchit, regarda le ciel, soutint une lutte intérieure, et dit :

— Il m’est impossible d’accepter un secours de la main d’un homme qui se flétrit lui-même. Je vous plains, monsieur ; je ne connais pas la nature des fautes que vous vous reprochez à vous-même, mais si je puis aider votre repentir et votre retour au bien, je le ferai de grand cœur. Il y a le même remède pour les maladies morales et physiques ; le changement de climat. Je vous prêterai de l’argent… la somme qu’il vous faudra pour aller vivre dans les pays lointains, où votre honteux passé n’étant connu de personne, vous vous ferez aisément un honnête avenir.

— J’en doute, dit Simaï, avec un soupir.

— Tenez, reprit Octave, en ouvrant un porte-