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MONSIEUR AUGUSTE

— Et je crois m’être expliqué assez clairement, moi, monsieur Simaï.

— Eh bien ! monsieur Octave, vous n’êtes pas assez fin pour moi.

— Oui, je sais que vous êtes très-fin, excepté au pinceau. Allez toujours.

— Vous me connaissez d’un caractère très-emporté, très-violent.

— Excepté dans vos tableaux de bataille, monsieur Zoar.

— Oui, ajoutez toujours quelque chose… et quand vous m’aurez poussé à bout, quand je vous aurai rendu deux soufflets pour un, vous serez dans le cas de légitime défense, et vous m’assassinerez bravement avec mon pistolet que vous avez encore dans votre paletot. Voilà votre noble tactique.

— Monsieur Simaï, vous avez étudié Machiavel, en Italie ; votre oeil perce le front du voisin et photographie la pensée. On devrait vous parler avec un masque et en pantomime, car la perception de votre oreille est si délicate, que vous surprenez aussi la pensée dans l’inflexion de la voix. Vous êtes un homme terrible. Devant cette perspicacité fabuleuse, il faut s’incliner et la payer de franchise. Oui, j’ai voulu vous pousser à bout et vous tuer dans le cas de légitime défense… Tiens ! il le croit,