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MONSIEUR AUGUSTE

dans une violente crise de nerfs. Son père courut à elle en sanglotant.

— Vous ne voyez pas qu’elle étouffe ! dit Rose.

Le père et les deux femmes soulevèrent la pauvre fille dans leurs bras unis, et la portèrent dans sa chambre ; là, elle fut déshabillée promptement par Rose ; on la mit au lit, et, après une heure de soins, on vit ses yeux se rouvrir, mais secs, ternes, égarés, fixes, comme les yeux que la pensée raisonnable n’anime plus.

Le malheureux père, à genoux devant le lit et fondant en larmes, ne cessait d’appeler sa fille par les noms les plus doux ; il n’obtenait aucune réponse. D’une voix faible, il dit à Rose :

— Vite une dépêche télégraphique à notre docteur. Allez vous-même, et recommandez aux domestiques de ne pas parler.

Rose obéit, comme l’éclair au nuage ; dix minutes après, la dépêche arrivait à Paris.

La petite chambre offrait un spectacle bien triste. Tout respirait le luxe, le goût, la gaieté dans les tentures, les meubles, les étoffes, les rideaux. On voyait sourire au plafond, dans une fresque charmante, la figure du printemps qui semait, sur des fonds d’azur lumineux, des arabesques de fleurs, et, comme contraste, le cadre de l’alcôve laissait voir