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MONSIEUR AUGUSTE

M. Lebreton ?

— C’est moi, dit le maître, en s’asseyant pour reculer.

— Vos domestiques, poursuivit ce spectre de midi, voulaient m’empêcher d’entrer. Je leur ai dit, je suis dans mon droit… Vous verrez que j’ai dit vrai… Ne nous hâtons pas…

Lebreton fit un signe à Agnès, le signe qui veut dire, sortez.

Agnès lança au spectre un regard d’amazone, et aiguisant ses ongles de nacre sur la nappe, comme la panthère, elle dit :

— Puisqu’il n’y a pas un homme ici, je reste.

L’étrange inconnu regarda de travers Agnès, haussa les épaules et déposa sur la table un paquet ficelé.

M. Lebreton regardait Auguste comme pour lui demander un conseil. Le jeune homme attachait sur la table des yeux vitrés et ne regardait rien. Il y avait dans l’air de la salle quelque chose de mystérieusement fatal qui semblait interdire un appel au secours du dehors, pour ne mettre personne dans la confidence d’une horrible révélation.

L’inconnu ouvrit le paquet et exhiba deux tableaux.

— Je suis obligé de les vendre, dit-il ; ce sont mes enfants chéris… Deux chefs-d’œuvre comme