Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
MONSIEUR AUGUSTE

merveilleux oiseau de l’équateur, ce diamant ailé, créé par un baiser du soleil.

M. Lebreton, qui marchait avec Agnès derrière Auguste et Louise, remarqua, avec son œil de maître, une ombre agile qui se montra et disparut dans les ténèbres du quinconce.

— Tiens ! dit-il, voilà ce garnement d’Octave qui va jouer son rôle d’espion dans le parc !

Auguste n’avait pas vu l’ombre agile, mais il se fiait à l’œil du maître : changeant tout à coup d’allure, il prit le mouvement grâcieux du promeneur qui cause avec une femme aimée, et il s’abandonna aux charmes d’un entretien intime, pour achever le désespoir de l’espion du parc.

La pauvre Louise voyait enfin disparaître cette timidité qui lui causait tant de peine ; elle trouvait dans Auguste, l’amant qui allait prendre un autre titre ; elle croyait déjà reconnaître la douce puissance de ce maître esclave qu’on appelle un mari. L’âme exaltée de la jeune fille effleurait dans son vol l’azur du ciel.