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MONSIEUR AUGUSTE

vous les jeunes filles de votre génération, mon cher Auguste ? Elles lisent tout, elle retiennent tout, elles savent tout ! Celle-ci a dévoré toute ma bibliothèque en deux ans, sans compter les journaux, les revues, les feuilletons, que sais-je moi ! Mais si les hommes n’y prennent pas garde, ils passeront tous pour des idiots devant leurs femmes. Je ne dis pas cela pour vous, mon cher Auguste, et pour quelques savants de profession, comme vous. À Dieu ne plaise que je veuille médire de vos confrères ! loin de là. Lorsqu’on me montre un homme vêtu de noir dans la rue, et qu’on me dit : Voilà un savant, je me découvre comme devant un corbillard.

— Mais, cher papa, dit Louise, avec vos savants, vous me ferez perdre le voyage de Rome…

— C’est convenu, ma fille, interrompit le père ; autrefois, un mari promettait à sa femme de la conduire à la comédie, dans l’octave des noces ; c’est encore l’usage dans ma province…

— Eh bien ! aujourd’hui, dit Louise, on devrait écrire sur le contrat la promesse du voyage d’Italie.

— Nous l’écrirons, dit M. Lebreton en riant. N’est-ce pas, mon cher Auguste ?

Auguste fit un signe de tête affirmatif, et mit