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MONSIEUR AUGUSTE

siècle d’Henri III explique les corsages indiscrets des Médicis. Les mœurs du Directoire expliquent la tunique transparente mise en vogue par Mme Tallien. On pourrait faire ainsi l’histoire morale de la mode depuis la robe ouverte des Athéniennes jusqu’à nos jours. Les femmes ont toujours eu le génie de la défense légitime, plutôt par instinct conservateur que par observation ou raisonnement.

Ainsi placée sous la protection d’une mode à la fois despotique et tolérante, Louise se livrait innocemment à l’admiration de son jeune voisin, et instruite par les continuels éloges de Rose et d’Agnès, elle rayonnait de joie en pensant que la belle fiancée était digne du beau fiancé. Avec quelle adresse de pose, de mouvement, de maintien, elle savait montrer à son futur mari tout ce que le Moniteur officiel de Longchamps lui permettait d’exposer au grand jour ! Avec quelle adorable coquetterie elle secouait la manche pagode, pour laisser voir jusqu’à la fossette du coude un bras du Paros le plus pur, terminé par une main d’enfant ! Hélas ! un observateur profond, témoin de cette scène, aurait cru voir une belle odalisque se mettant en frais de coquetterie pour son stupide gardien.

Auguste avait remis la conversation sur Annibal, et il cherchait toujours des dates historiques au pla-