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MONSIEUR AUGUSTE

regardant sa montre ; j’ai deux points historiques à réfuter, avant mon sommeil. On affirme, d’une part, qu’Annibal, après Trasimène, a traversé Hispella, et a longé l’Adriatique jusqu’à l’embouchure de l’Aufide. Première erreur. D’autre part, on ose affirmer qu’il n’a pas attendu des renforts sur les môles des ports de Firmum et de Castrum-Novum. Seconde erreur. Trois victoires avaient épuisé Annibal comme une défaite, ce qui l’obligeait à renoncer au siège de Rome, et à courir vers l’Adriatique, où devait l’attendre son frère Asdrubal.

— Laissez-moi vous serrer les mains, dit M. Lebreton, ému aux larmes ; rien ne peut vous distraire de vos études, même dans un bal !… Il y avait pourtant chez moi de jolies femmes… hein ?… Je parie que vous n’avez pas remarqué ce soir Mme de Gérenty, avec son costume de…

— Ah ! monsieur Lebreton ! une femme mariée ! dit Auguste, en baissant les yeux ; quelle idée avez-vous de moi ?

— Pardon, pardon, reprit M. Lebreton, en s’inclinant ; pure plaisanterie… Vous savez… quelquefois… sans aucune mauvaise pensée… un homme… l’homme le plus moral… c’est un hommage rendu à la beauté… Moi-même… je crois être… sans être un Caton… un Putiphar… Si je vois une belle personne