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MONSIEUR AUGUSTE

je vous le dis… Nous étions en famille, dans une loge, au théâtre de… bref, à un théâtre… on jouait une pièce de M. Scribe… lela… n’importe !… un jeune homme chantait à sa fiancée un couplet très-spirituel, où il y avait ceci :

Je voudrais bien prendre un baiser.

À quoi la fiancée répondait… C’était mademoiselle… une actrice très-courue… j’ai oublié son nom ;

Moi, je voudrais le refuser.

Ma fiancée à moi, celle qui devait être ma femme le lendemain, me regarda avec malice… ayant l’air de me dire : Tu es bien novice, mon ami ! Moi, je compris et je devins écarlate… Que voulez-vous ? c’était mon éducation… Je n’avais pas fait de jeunesse comme vous, cher fils ; j’étais un vrai innocentin… Non, non, ne vous excusez pas, ne vous excusez pas, mon gendre ; c’est un noble défaut que vous avez ; on a le temps de s’en corriger après le mariage.

M. Lebreton se récompensa de cette phrase par un grand éclat de rire, et Auguste, qui venait de répandre des larmes fausses, paya de la même monnaie l’hilarité de son naïf interlocuteur. Le duo