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MONSIEUR AUGUSTE

— Ce sont des larmes de joie ; elles sont douces, dit Auguste, en cachant le rire derrière son mouchoir.

— Oui… oui… dit Lebreton avec effort.

— Mais, reprit Auguste, dérobons nos larmes à tous les yeux ; on pourrait se tromper sur leur origine… Ah ! les voisins ! les voisins … monsieur Lebreton…

— Appelez-moi cher père, interrompit l’excellent homme.

— Cher beau-père, reprit Auguste, je vais écrire à mon bijoutier de venir demain… Vous me permettez de lui donner votre adresse ?

— Mais certainement, cher fils… Mais pas de dépenses folles, monsieur, entendez-vous ?… De la simplicité, de la simplicité…

— Oui, en tout, excepté en bijouterie, dit Auguste en riant. Un simple cadeau de noce d’une vingtaine de mille francs… Allons, cher père, ne vous fâchez pas ! je ne veux pas dépasser dix-neuf mille… vous voyez que je suis raisonnable.

— Et charmant, j’ajoute, moi, cher fils… Mais vous avez un défaut… ah ! un défaut… rare… la timidité… Au reste, j’avais ce défaut-là aussi… à telles enseignes que, l’avant-veille de mes noces, je n’avais pas encore embrassé ma femme !… C’est comme