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MONSIEUR AUGUSTE

je leur dirai cela le jour que je me brouillerai avec eux.

— Attendez la fin de l’été. On ne doit se brouiller qu’a l’automne avec ses voisins de campagne.

— Voilà une idée ! dit M. Lebreton ; on prétend que le bon sens vient tard, mon cher Auguste ; il est né avec vous.

— Et quand nous serons mariés, reprit le jeune homme, les voisins se tairont.

— Très-bien ! dit le bon père, au comble de la joie. Voyons, mon cher fils… vous avez quelques formalités à remplir… Il faut accélérer tout cela… l’argent accélère tout… je ne le ménagerai pas… le mariage se fera ici… et nous donnerons au village cette bonne aubaine… Je réserve cinq mille francs aux pauvres et un tableau à l’église… Vous voyez cette aile de ma maison ? elle est toute meublée, et fort commode. Vous vous installez là avec ma fille. Vous serez chez vous ; ménage à part. Liberté pour tous !… Le tapissier arrivera ce soir de Paris, pour compléter l’ameublement… Cette chère Louise ! comme je pleurerais, si je ne la donnais pas à un homme comme vous !

Et le bon père se mit à pleurer.

Auguste prit son mouchoir, et en frotta ses yeux pour essuyer des larmes qui n’existaient pas.