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MONSIEUR AUGUSTE

dénoûments ; tuer Octave par la violence d’un désespoir égale à la furie de sa passion, ou, le dernier moment venu, reconquérir son amitié, en brisant le mariage, avec la condition de partir tous les deux, la veille des noces, de gagner le Havre, et d’aller vivre de l’autre côté des mers. Dans le premier de ces cas, le suicide de désespoir, Auguste trouvait une sorte de soulagement inexplicable, mais qui donnait du calme à sa vie : un voyage lointain était encore la conséquence forcée de cet horrible dénoûment. Il n’y avait pas de mariage civil.

Aucun incident ne paraissait devoir modifier ces deux prévisions.

Avec le calme que donne une résolution prise, Auguste aborda M. Lebreton, et lui dit, en lui serrant la main.

— Ne parlons plus du nuage qui a passé sur notre tête… n’est-ce pas ?

— Oh ! les voisins ! les voisins ! dit M. Lebreton, en maudissant les environs, par un geste dramatique.

— Les voisins, dit Auguste ; ils ont beau dire qu’ils sont retirés des affaires ; ils sont toujours des industriels en calomnies.

— Parfait ! dit Lebreton, dans un éclat de rire