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MONSIEUR AUGUSTE

Auguste étouffa un cri de douleur et se laissa tomber sur un fauteuil.

Octave s’occupait, en sifflant, à remettre en ordre ses nombreuses déesses, dérangées, dans leur symétrie olympienne par les belles mains de Mme de Gérenty.

Le domestique entra, et déposa sur une table quelque chose d’informe, comme un petit ballot de marchandise, en disant :

— C’est un envoi de M. de Gérenty.

Octave opéra le déballage, et mit en lumière un magnifique bronze du Bacchus indien.

— Que veut-il que je fasse de tous ces angles-là ?… dit Octave. Il me semble que je reçois des coups d’épingle dans les prunelles. Le diable emporte les dieux ! Marcel, prends cela, et porte-le dans la chambre de mon père. Il a été membre du Caveau ; il croit a Bacchus, lui.

Octave, sans prendre garde au mouvement d’impatience d’Auguste, vint se placer devant son chevalet, découvrit la mystérieuse toile, et commença une longue adoration comme pour donner un dédommagement à ses yeux blessés par les angles du Bacchus indien.

On entendit un coup de talon sur le parquet, et