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MONSIEUR AUGUSTE

pourriez-vous pas enlever ce voile impertinent qui ne permet de voir que la tête ?

— Oh ! madame ! dit Octave d’un ton suppliant ; Je vous conjure de ne pas me demander l’impossible.

— Ce sera possible une autre fois, dit la jeune femme ; je ne veux pas être exigeante à ma première visite…

Un domestique entra et dit :

— Puisse introduire M. Auguste Verpilliot ? il est déjà venu cinq fois demander monsieur.

— Dites-lui que j’ai du monde dans l’atelier, et qu’il attende au jardin.

— Il sait que je suis ici, dit Mme de Gérenty.

— Mais il croit que je n’y suis pas ! remarqua le colonel, d’un ton menaçant.

— Oh ! cher beau-frère ! reprit la jeune femme ; point d’esclandre. Je sais me défendre toute seule, en cas d’attaque…

— Un insolent qui ose vous aimer.

— Eh bien ! c’est toujours flatteur pour une femme ; s’il osait me détester, je vous prierais de me défendre.

— Qui a l’impudence coupable de vous dire, je vous aime ! à une femme mariée, et placée sous ma protection !

— Là, je vous arrête, cher beau-frère ; il ne m’a jamais dit je vous aime ; c’est son silence trop ex-