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MONSIEUR AUGUSTE

Octave s’éloigna du chevalet, et fit le signe qui veut dire : Regardez !

Le colonel et sa belle-sœur coururent, regardèrent, poussèrent un cri de surprise, et dirent en duo :

— C’est elle !

Après cinq minutes d’admiration muette, ou d’adoration, Mme de Gérenty dit à Octave :

— Et vous avez fait ce portrait de souvenir ?

— Pouvais-je le faire autrement, madame ? dit Octave d’un ton naïf.

— Voilà un amour ! reprit la jeune femme en joignant ses mains. Faut-il qu’une figure soit profondement incrustée dans un cerveau de peintre, pour qu’elle soit reproduite avec cette fidélité de souvenir ! Comme cette jeune fille est aimée !

— J’espère, madame, dit Octave, que vous aurez la bonté de garder le secret sur cette petite confidence d’atelier.

— Moi ! reprit la jeune femme ; ah ! vous ne me connaissez pas ! Soyez bien tranquille. À la première occasion favorable, je raconte ce secret à tout le monde… Vous croyez bonnement qu’un chef-d’œuvre comme celui-là est fait pour rester sous cloche ?… Mais pardon de mon indiscrétion, monsieur Octave ; je suis très-curieuse, ma mère se nommait Ève. Ne