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MONSIEUR AUGUSTE

— Oh ! je ne suis pas Anglaise, dit Mme de Gérenty, en riant ; je ne redoute pas les chefs-d’œuvre des arts. J’ai vu la sacristie de Sienne, avec les trois grâces ; la cathédrale de Pise, avec le groupe d’Adam et Ève ; la basilique de Saint-Pierre, avec le tombeau de Paul III ; la chapelle Sixtine, avec la fresque de Michel-Ange ; le Vatican avec tout, et je ne redoute pas un atelier… M’offrez-vous votre bras, monsieur Octave ?

— Très-volontiers, dit le jeune homme.

— En avant ! dit le colonel.

L’atelier d’Octave était meublé et décoré avec luxe ; il attestait la grande fortune du père. Les objets d’art, les panoplies, les porcelaines du Japon et de la Chine, les reliques de Pompei, y étaient amoncelés avec profusion et disposés avec goût. Mais les visiteurs graves reconnaissaient aussi avec tristesse que le jeune maître de cet atelier était un peintre amoureux de la forme et trop dédaigneux de l’esprit. On y trouvait une exacte réduction, en marbre ou en bronze, de toutes les blondes et brunes divinités que le ciseau a illustrées pour les autels païens. Pas une ne manquait à la collection. Quant aux dieux de l’Olympe, ils brillaient par leur absence. L’Apollon du Belvédère, lui-même, le dieu vainqueur de Python, n’avait pas trouvé grâce devant l’ostracisme