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MONSIEUR AUGUSTE

une autre femme, et cette femme je la connais… Brisons là, voici ces messieurs.

La figure de M. Lebreton ne rappelait rien de connu dans toutes les nuances des expressions.

Le colonel avait rendu par ses conseils un peu d’énergie à Octave, et il le ramenait pour effacer le mauvais effet produit.

— Je vous l’avais bien annoncé, dit-il ; c’est une légère ébullition produite par la chaleur… Le sirocco souffle ; je reconnais mon Africain… Craignez-vous le sirocco, M. Lebreton ?

— Moi ! dit M. Lebreton, comme réveillé en sursaut. Oui, monsieur… nous causions avec madame.

— Eh bien ! causons, dit le colonel en s’asseyant.

M. Lebreton se leva, sans savoir ce qu’il allait faire, il chercha sa canne qu’il tenait à la main, son chapeau qu’il avait sur la tête ; puis se frappant le front, il dit :

— J’avais quelque chose à dire, mais je ne sais plus… Madame, aurai-je bientôt l’honneur de vous revoir ? j’ai besoin de vous revoir ?… Pouvez-vous me faire le plaisir de venir dîner à la maison à cinq heures ?… Ne m’abandonnez pas, je vous prie… J’ai besoin de vos conseils.

— Vous avez un procès ? demanda le colonel.