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MONSIEUR AUGUSTE

— Oh ! de l’esprit ! Et quel usage en fait-il ? Hier, je me suis retenu… Oui, vous avez été témoin de cette scène ; je l’aurais mis à la porte, si je n’eusse craint d’affliger M. Desbaniers, son père… N’a-t-il pas osé dire, devant les bustes de Corneille et de Racine, que la tragédie était un vice national, comme le potage au vermicelle. Est-ce de l’esprit, cela ? c’est un blasphème ignoble !… Un jeune homme élevé au lycée Bonaparte, par M. Pessonneaux ! Où allons-nous, bon Dieu !

— Il faut l’excuser… Octave est encore si jeune…

— Si jeune ! Il est de votre âge ; il a ses vingt-cinq ans bien comptés ! Mais quelle différence entre vous et lui ! Vous êtes grave, studieux, réfléchi, respectueux ; quel père ne s’estimerait heureux de vous choisir pour gendre, et d’augmenter encore votre fortune par une bonne dot, car on sait que vous faites un raisonnable usage de l’or… Mais le voici… il vient à nous ; n’ayons pas l’air d’avoir parlé de lui.

Un miroir avait probablement conseillé à Octave de quitter son effrayante figure de valseur, et de reprendre les lignes calmes, dans une retraite de dix minutes passées à l’extrémité déserte de l’appartement. Il arriva, le sourire aux lèvres, et s’adressant à M. Lebreton :