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MONSIEUR AUGUSTE

petits chemins détournés, à travers les haies vives et les murs blancs. La céleste image le suivait.

Arrivé devant la faisanderie, il vit un homme arrêté dans la pose de l’attente, et habillé, à cinq heures du matin, comme pour un bal. C’était le colonel de Gérenty.

Octave salua en souriant. Le colonel répondit par un de ces saluts froids et roides, qui sont la stricte politesse des duels, entre gens de bonne compagnie.

— Monsieur, dit le colonel, avec une parole brève, accompagnée d’un léger sifflement, organe des grandes occasions, monsieur, en vous voyant arriver seul, j’ai deviné votre intention, et je l’approuve ; lorsqu’il s’agit d’une femme dans une affaire d’honneur, on doit choisir pour témoins des inconnus, et non des confidents.

Octave approuva par un geste très-expressif. — Je ne m’étais pas trompé, pensa-t-il, c’est un rival. Les cinq cent mille francs de dot le tentent plus que la beauté de Louise. N’importe ! je n’ai pas à examiner l’intention.

— Monsieur, ajouta le colonel, à voix très-basse, il ne faut pas réveiller les soupçons ; ainsi séparons-nous… vous connaissez les localités ?

— Parfaitement, colonel.

— Vous m’attendrez là… vis-à-vis… de l’autre