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MONSIEUR AUGUSTE

— Quel échange pouvons-nous faire ?

— Il y a, là, sur votre table, des vers et un dessin… vous savez ?…

— Oui, les vers de cet impertinent jeune homme… vous pouvez déchirer la page ; je n’y tiens pas du tout.

— Moi j’y tiens, mademoiselle… Je suis une ignorante, moi ; je ne comprends pas grand’chose à toutes ces lignes que font les auteurs de Paris… Eh bien ! j’aime cent fois mieux les vers de M. Octave que les autres… M. Octave ne va chercher ni Vénus, ni les Grâces, ni Actéon, et toutes ces bêtises de mon grand-père ; il dit des choses vraies, des choses qui ont cœur… Tenez, mademoiselle, voilà mes vers, et je prends les vôtres. Je donne du vieux pour du neuf, ça me va… Il marche toujours, là-haut, comme un loup en cage !… Voulez-vous qu’en montant à ma chambre je prie ce monsieur de prendre des pantoufles, pour économiser ses talons ?

— Oh ! garde-t’en bien ! Rose !… je suis si heureuse de l’entendre ! il pense à moi !

— Ah ! mademoiselle, vous n’aurez pas toujours seize ans ! dit Rose, après un long soupir.

Louise fit un geste impérieux qui ordonne le silence, et s’élançant hors de son lit, elle courut