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MONSIEUR AUGUSTE

Je ne refuse pas, parce qu’il m’a promis de parler pour mon frère, au conseil de révision… Enfin ma liste n’en finirait pas. Je pourrais faire mettre à la porte tous invités de Paris, jeunes ou vieux, si je les dénonçais, à M. Lebreton… Il n’y en a qu’un, un seul, qui n’a jamais daigné me donner un coup d’œil ou me dire un mot. C’est M. Auguste.

— Mais tu me combles de joie, dit Louise, en se mettant au lit. Tu fais de ce jeune homme l’éloge le plus complet. Crois-tu que je voudrais d’un mari qui aurait adressé des vers à ma femme de chambre ?

— Ah ! vous prenez la chose ainsi, mademoiselle !… Eh bien ! si vous pouviez la faire juger par un tribunal de femmes de trente ans, votre amour perdrait son procès.

— C’est possible, mais je ne convoquerai pas ce tribunal.

— Un jeune homme qui sera votre mari dans huit jours, et qui ne vous a pas encore dit : je vous aime.

— Il n’a qu’un défaut, un seul, et j’adore ce défaut.

— Quel défaut, mademoiselle ?

— La timidité.

— C’est un défaut de femme.

— Eh bien ! je l’aime chez un homme… Écoutez, écoutez, Rose… il est encore debout là-haut… il