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MONSIEUR AUGUSTE

je suis aimé… l’imbécile !… Eh bien ! je suis enchanté de cette affaire… les femmes aiment le courage, et je crois en avoir. Un bon duel me fera du bien… A-t-il dit s’il fallait apporter des armes ?

— Non, dit Auguste d’une voix moribonde ; je t’ai transmis ses propres expressions, rien de plus, rien de moins.

— Alors ce n’est pas un duel ; tant pis !… et si ce n’est pas un duel, je ne dois pas me rendre à la faisanderie avec des fleurets sous mon paletot ou des pistolets dans ma poche.

— Et si tu n’y allais pas du tout ? dit Auguste.

— Oh ! tu as toujours des idées de poltron, toi ; j’irai, mais sans armes, et tu m’accompagneras… Tu ne m’accompagneras pas ?

Auguste chancela sur ses pieds et s’appuya contre un arbre.

— Eh bien ! tu vas te trouver mal comme une femmelette ! dit Octave en soutenant son ami. La seule idée de me servir de témoin le fait évanouir… Pauvre garçon !… je ne t’accuse pas… c’est ta nature.

— Tu sais, dit Auguste d’une voix éteinte, tu sais si je suis ton ami… Je donnerais ma vie pour toi, à présent, si je la perdais sans voir luire une arme…