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MONSIEUR AUGUSTE

— Avant le concert, un inconnu m’a arrêté ici, et, d’une voix peu amicale, il m’a dit qu’il nous attendait demain, à cinq heures du matin, devant la faisanderie, et qu’il acceptait nos conditions…

— Ah ! voyons, mon petit Auguste, quel conte de minuit me fais-tu là ? quel est cet inconnu ?

— Mon cher Octave, tu perds l’esprit… Oh ! les femmes !… Puisque c’est un inconnu, il m’est impossible de dire son nom.

— Mais dépeins-le-moi, je le connaîtrai peut-être, cet inconnu. .

— Il m’a parlé sous ce marronnier ; c’était noir comme un four éteint. Je n’ai pu distinguer un seul de ses traits ; son organe seulement est un peu farouche.

— Devant la faisanderie, a-t-il dit ?

— Oui.

— C’est à quelques pas de là forêt… mais cela ressemble au rendez-vous d’un duel.

— Ah ! mon Dieu ! dit Auguste en reculant deux pas.

— Oui… c’est un duel ! reprit Octave d’un ton affirmatif ; c’est un amoureux de Mlle Louise… Il me décoche de temps en temps des épigrammes anodines, et moi, je lui rends la monnaie de sa pièce sur la même gamme. C’est un rival. Il s’imagine que